Jean-Paul II,démocratie et droits de l'homme

Le Messie et son Prophète

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 Droits de l’homme et Jean-Paul II bienheureux

Innombrables ont été les écrits relatifs à l’action de Jean-Paul II en faveur des droits de l’homme, et d’abord les siens propres. Sa première lettre encyclique, Le Rédempteur de l’homme, était axée sur le droit à la liberté religieuse comme garant et clef de tous les autres droits. Elle définissait la ligne qui serait dominante dans son pontificat, et qui répondait à une spiritualité consistant à présenter sans cesse à Dieu l’humanité entière.

Dans cette sollicitude universelle, Jean-Paul II voulut aller à la rencontre de tous et, comme beaucoup l’ont souligné, il défiait les murs et les divisions. De fait, il eut la grande joie de voir disparaître le mur dit « de Berlin » qui en fait déchirait l’Europe entière ; les années 1990-1992 connurent ainsi de grandes espérances, hélas restées lettres mortes à bien des points de vue. Ensuite, comme un grand-père voudrait rassembler tous ses petits-enfants divisés, il a initié autour de lui la rencontre d’Assise en 2001, où aucune prière commune – sinon silencieuse – n’eut lieu ; elle n’est évidemment pas possible. En un mot, il a toujours essayé de faire le maximum pour surmonter les divisions, et aussi pour défendre les pauvres et les peuples en danger. Alors que pointait déjà la guerre d’agression contre l’Irak, il n’a pas hésité à accueillir une délégation de dignitaires irakiens chrétiens et musulmans lui apportant un Coran recouvert d’argent de la part du Président Saddam Hussein, sur lequel il a posé les lèvres dans un geste dont l’unique portée était d’exprimer sa solidarité avec les Irakiens – c’est d’ailleurs la raison pour laquelle il y eut un black-out sur ces images : Saddam Hussein était l’homme à abattre. Certes, si l’on doit déplorer que son régime ait été sanguinaire, on ne peut lui reprocher d’avoir été le sommet d’un système tyrannique qui, malheureusement, est la seule forme de pouvoir qui puisse fonctionner dans une société profondément marquée par l’Islam (des éditoriaux antérieurs en donnent les raisons) ; et ce régime aurait été contesté en cette année 2011 par la jeune génération. Même si son bilan fut terrible, moins de souffranecs en auraient résulté que de la situation créée depuis 2003 par les Américains jusqu’à aujourd’hui. Jean-Paul II avait raison.

Enfin, dans les gros traits à rappeler, il faut mentionner le péril extrême que représenta pour l’humanité entière le cataclysme d’une guerre nucléaire : Jean-Paul II fut l’homme de la situation. Rien que cela justifierait la gratitude de tant de monde à son égard. L’explosion de Tchernobyl, qui précipita la chute de l’URSS, aura été la dernière catastrophe provoquée par le communisme, et elle a ouvert les yeux sur l’absolue nécessité de désarmer. Ce danger nucléaire général étant essentiellement écarté et le système communiste se diluant, des problèmes de fond pouvaient réapparaître. C’est Benoît XVI qui y est confronté aujourd’hui, lui qui a été un collaborateur si proche de Jean-Paul II, mais que certains commentateurs essaient encore d’opposer à celui-ci. En fait d’opposition, il y a simplement un changement relatif d’époque.

         Dabord, il n’ a pas eu de procès des crimes immenses du communisme. Que les sociétés civiles occidentales soient incapables de le faire, cela peut se comprendre du fait de leur collaboration historique avec ce système. la présence, dominante depuis 1945, de l’idéologie dans les structures de la culture que sont le ministère de l’Education nationale et les médias d’Etat. Mais qu’en est-il de l’Eglise ? S’il est clair qu’elle n’est jamais indépendante de la société civile, une telle explication ne saurait suffire. Certaines causes lui sont propres, notamment la tendance à se contenter d’un discours « droit-de-l’hommiste » qui, par nature, est incapable de rendre compte d’une entreprise criminelle telle que fut le communisme soviétique, et qui dépasse l’entendement. Seule une théologie de l’histoire pourrait y parvenir. Une telle théologie manque, et depuis fort longtemps. Or, le besoin de cet outil de pensée se fait sentir de plus en plus, non seulement à cause de l’ampleur des désinformations en tout genre dont nous sommes quotidiennement victimes, mais du fait de la confrontation des sociétés civiles du monde entier avec deux systèmes bien plus difficiles à « penser » et à « juger » que le communisme : d’une part le système islamique qui est le plus ancien et que la diversité de ses formes historiques et aussi de ses crimes rend difficile à appréhender ; et d’autre part le système laïciste qui cherche tout autant à imposer ses normes de pensée et d’agir, qui a pris la place ou la suite du communisme et qui enferme l’humanité dans un individualisme manipulé par de grands intérêts. Dans un tel cadre, les vieux discours de ce type : « nous sommes tous des humanistes » ou « nous avons tous le même Dieu », ne convainquent plus. Ils continuent cependant d’encombrer et d’entraver l’effort vers le vrai et la justice. Tel est le défi majeur que Benoît XVI, qui est un théologien, doit relever.

                                       
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