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La recherche, condition de la convivialité


      Le dialogue islamo-chrétien ou multi-culturaliste semble être un domaine éloigné de la recherche. Il l’est moins que jamais. On se trouve même devant un gros conflit d’intérêt.

      Le financement de la recherche s’accorde mal, certes, avec celui du terrorisme. Bien sûr, il ne sera pas demandé aux départements d’islamologie qui, surtout dans le monde anglophone, reçoivent des subsides de la part de certains Etats du Golfe, de faire l’apologie des actes commis par les mercenaires employés par ces mêmes Etats (leurs propres médias sont discrets à ce sujet). Ils sont invités simplement à ne pas regarder de trop près la biographie légendaire de Muhammad (Sira et recueils de hadith-s), dans laquelle ces Etats puisent de quoi justifier leurs actions. Sans parler de l’étude du Coran, qui est découragée par tous les moyens, notamment par l’accusation « d’islamophobie ».

      Pour des raisons totalement autres, une partie du clergé occidental contribue lui aussi à rendre cette légende mahométane intouchable, entravant ainsi la recherche. L’Arabie Saoudite a d’ailleurs compris l’intérêt qu’elle avait à faire du « dialogue islamo-chrétien », et finance deux centres en Europe (Vienne et Madrid) ainsi que de nombreuses « rencontres » (hors de son territoire). Leur objectif idéal serait de faire reconnaître le Coran comme inspiré, mais, dans l'immédiat, le but est d’occuper le terrain verbal de la « convivialité ».

      La convivialité réelle, c’est ce que veut vivre le peuple syrien en ses diverses composantes, unies précisément face aux bandes armées que financent ces Etats du Golfe. Si les « dialogues » avaient réellement pour but un « vivre ensemble », ils devraient dénoncer les systèmes islamistes imposant leur « pensée unique » par l’oppression et le terrorisme. On en est très loin. Les discours font miroiter la construction d’une « paix » par l’entente « entre religions » – ce qui répond bien aux allégations de la pensée dominante qui tient « les religions » pour responsables des guerres. L’illusion est aussi grosse que le piège. Celui-ci est même si gros que, à la suite de Massignon, certains catholiques occidentaux s’y sont jetés avec allégresse, considérant les victimes des exactions islamiques comme quantité négligeable au regard des bienfaits que les « dialogues » allaient procurer. N’est-ce pas d’ailleurs ce que les grands médias ne cessent de suggérer ? Même une multinationale italienne du pétrole subsidie des instances de « dialogue ».

      Derrière ces rideaux de fumée (quel humain serait contre des discours de paix et de convivialité ?), les manœuvres sordides peuvent proliférer tranquillement. Le fanatisme islamiste y joue son rôle haineux ; et s’il n'est pas suffisant, des agents occidentaux apportent leur collaboration aux « attaques islamistes » (comme par exemple récemment en Irak, où deux soldats britanniques déguisés ont été arrêtés en train de convoyer des armes). Le terrorisme est le pendant nécessaire du dialoguisme, dans une même utilisation de l’Islam comme pièce maîtresse dans une stratégie de domination : monter les populations les unes contre les autres (musulmans contre les autres, ou sunnites contre chiites), tout en prétendant travailler à la convivialité. Divide ut imperes divise pour régner –, disait un vieil adage latin ; Debility, Dread, Dependance selon les stratèges des think tanks à l’œuvre depuis l’époque de Georges Bush jr aux USA. Le projet global vise à déstructurer les liens humains (sociaux, nationaux, etc.), et même à déstructurer les êtres humains comme tels.

      Ces « stratégies du chaos », de nombreux sites web les dénoncent avec courage. Un véritable dialogue islamo-chrétien ne peut les ignorer, non plus qu’ignorer la recherche historique et le bien réel des populations. On trouvera ici un résumé grand public des acquis de cette recherche.

     Aujourd’hui plus que jamais, la recherche est une condition de la convivialité.